Main gauche scotchée au bâton de ski, l’Italienne Sofia Goggia a dompté sa douleur et ses adversaires samedi dans la descente de Coupe du monde de Saint-Moritz (Suisse), au lendemain de sa fracture de deux métacarpiens. La skieuse de 30 ans a dévancé de 43 centièmes la Slovène Ilka Stuhec, renaissante sur la piste qui l’a consacrée lors des Mondiaux de 2017, et de 52 centièmes l’Allemande Kira Weidle.
Comme aux Jeux olympiques de Pékin en février dernier, où elle avait obtenu la médaille d’argent malgré une blessure qui l’avait diminuée, Goggia a éclaboussé la piste de sa classe. Cette fois, ce n’est pas une entorse au genou, mais bien une fracture des deuxième et troisième métacarpiens de la main gauche intervenue la veille lors de la première descente sur la piste suisse qui aurait pu la freiner.
Ce serait mal connaître la Transalpine, connue pour son goût du risque, sa recherche constante de vitesse et son ski spectaculaire. Au lendemain d’un aller-retour express à Milan pour se faire opérer, Goggia est allée encore plus vite samedi pour remporter sa vingtième victoire en Coupe du monde, deux semaines après son doublé à Lake Louise (Canada). L’Italienne a effectué une superbe descente, toujours en recherche de vitesse, dans les courbes notamment, et a gratifié le public suisse d’un magnifique saut en bas du parcours. Le tout sans pousser sur ses bâtons au départ comme elle l’aurait fait à 100 % de ses capacités.
Goggia n’a cependant pas connu que des « blessures heureuses ». L’an dernier, elle avait manqué « ses » Championnats du monde, à Cortina d’Ampezzo, à cause d’une blessure au genou droit, cette fois. Lors de la première descente de la veille, elle avait déjà terminé deuxième derrière sa compatriote Elena Curtoni, avec une visibilité largement réduite par l’épais brouillard qui était tombé sur la piste suisse.
Samedi, la deuxième descente s’est tenue sous un soleil éclatant, bien plus favorable à la vitesse des skieuses. Le départ a donc eu lieu plus haut sur la piste, contrairement à la veille, où il avait été abaissé. Derrière Goggia, Ilka Stuhec, 32 ans, est remontée sur le podium de Coupe du monde pour la première fois depuis trois ans, sur la piste de ses premières amours : elle y avait remporté son premier titre de championne du monde de la discipline en 2017 , avant un deuxième sacré mondial à Are (Suède).
Quatrième, la star Mikaela Shiffrin a réussi une très bonne descente. En avance sur le haut de la piste, elle n’est pas parvenue à maintenir cette allure, perdant du temps dans le bas de la piste, mais confirme ses progrès dans cette discipline, qui n’est pas sa favorite.
Au classement général de la Coupe du monde, Shiffrin est toujours en tête (475 points) mais c’est désormais Goggia (425) qui est deuxième, devant la Suisse Wendy Holdener (366). L’étape de Saint-Moritz se terminera dimanche avec un super-G (11h30).
Chez les hommes, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde a dominé la descente de Val Gardena samedi, juste devant le Français Johan Clarey, tandis que le Suisse Marco Odermatt n’est pas monté sur le podium pour la première fois de la saison. Kilde a devancé de 35 centièmes Clarey, tout proche de sa première victoire en Coupe du monde, à 41 ans, et de 42 centièmes l’Italien Mattia Casse, qui monte pour la première fois de sa carrière sur un podium de Coupe du monde à 32 ans.
Un peu plus loin, Odermatt et l’Américain Travis Ganong, ont terminé sixièmes ex aequo. À 30 ans, Kilde engrange déjà sa quatrième victoire de la saison en Coupe du monde, sa seizième au total, dans le duel qui l’oppose à Odermatt, 25 ans. C’est dans la deuxième partie du parcours que Kilde a bâti son succès, en reprenant une seconde à Clarey, alors qu’il semblait battu. Le Français, médaillé d’argent de la descente olympique en février à Pékin, a excellé dans la première partie du parcours, même s’il a parfois été sur un fil en prenant beaucoup de risques.
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La veille, le super-G avait été annulé à cause des mauvaises conditions météorologiques : un épais brouillard était tombé sur la majeure partie du parcours situé dans le massif des Dolomites, où le soleil est maître samedi.